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Professeur Jean-Pierre LEFRANC

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Les tumeurs de l’ovaire constituent un chapitre particulièrement complexe de la gynécologie.

En effet, il faut dans un premier temps différencier les kystes fonctionnels, toujours liquidiens et observés de la puberté à la ménopause, liés comme leur nom l’indique au fonctionnement des ovaires (ovulation), des tumeurs (bénignes ou malignes) organiques non liées au cycle menstruel.

Une fois cela fait, il conviendra, à l’aide des données radiologiques (échographie beaucoup plus performante si elle est réalisée par voie endovaginale, IRM plus que scanner sauf dans certains cas comme les tératomes souvent dénommés kystes dermoïdes) et dans une certaine mesure des données biologiques (marqueurs tumoraux) de fiabilité relative, de présumer de la nature de cette « tumeur » qui peut – être bénigne, même si très volumineuse, maligne (cancer de l’ovaire) ou, ce qui complique les choses, à malignité limitée ou plus exactement à la limite de la malignité car elles ne possèdent pas toutes les caractéristiques habituelles des cancers.

Mais en fait, seule l’analyse anatomo- pathologique de la «tumeur» (dans sa totalité et non un fragment sauf dans une certaine mesure pour les cancers qui se sont déjà étendus dans le péritoine ou carcinome péritonéale) permettra d’en affirmer la nature, donc de décider d’un traitement complémentaire, que ce soit par chirurgie et/ou chimiothérapie en cas de cancer.

 

Aussi, à l’inverse des kystes fonctionnels qui, sauf complications telles qu’hémorragie ou torsion, ne doivent jamais être opérés, les «tumeurs« organiques doivent toujours l’être.

La multitude de types histologiques différents rend leur étude particulièrement complexe, qu’il s’agisse de tumeurs bénignes, à la limite de la malignité, ou malignes.

Quelques points méritent cependant d’être soulignés:

* Le risque de dégénérescence cancéreuse d’une tumeur initialement bénigne n’existe très probablement que pour les tumeurs dites mucineuses (ou mucoïdes) qui seront de toute façon toutes opérées dès leur découverte;

* Parmi les cancers, doivent être distingués: les cancers primitifs, naissant à partir de l’un des différents tissus ovariens, qu’ils reproduisent plus ou moins sur le mode malin, et les cancers secondaires qui sont des métastases d’un cancer d’un autre organe, particulièrement sein, utérus ou colon, et dont le pronostic et le traitement sont totalement différents;

* Les pronostics et les traitements des cancers primitifs des ovaires diffèrent considérablement selon qu’il s’agit de tumeurs dites des cordons sexuels ou germinales, qui atteignent surtout les enfants et adultes jeunes, assez rares, et les tumeurs dites du revêtement épithélial, de loin les plus fréquentes:

  • Pour les premières, le pronostic, après une chirurgie, le plus souvent conservant les possibilités de grossesse, et une chimiothérapie courte, reste très favorable, contrairement
  •  Aux secondes, qui touchent surtout les femmes ménopausées sauf lorsque sont liées à une mutation génique le plus souvent de BRCA1 ou BRCA2 (10% des cancers papillaires séreux de haut grade), restent de pronostic incertain malgré une chirurgie lourde qui concerne certes l’appareil génital mais également possiblement le tube digestif et les organes intra — abdominaux, et permet rarement chez les femmes jeunes atteintes de conserver les possibilités de gestation, et une chimiothérapie lourde.

A noter cependant les progrès récents et significatifs apportés par les thérapies dites ciblées (olaparib notamment) très nets chez les femmes porteuses d’une mutation et dont les tumeurs sont d’autre part plus sensibles à la chimiothérapie.

Enfin, il apparait possible dans certains cas, chez les femmes désireuses de maternité, de procéder à une conservation d’ovocytes lorsque doit être réalisée une chirurgie mutilante.

 
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